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Stanislav Asseyev, journaliste ukrainien : « Nous avons une immense armée de déserteurs qui se balade dans le pays »

Une quinzaine de jours déjà ont passé depuis que le vétéran ukrainien Stanislav Asseyev a publiquement annoncé son départ de l’armée. C’est donc en « homme libre », selon ses mots, que le journaliste et écrivain renommé s’assied dans un petit café du quartier de Podil, à Kiev, samedi 19 octobre en fin d’après-midi. L’homme de 35 ans au teint pâle et au regard profond regoûte à la vie civile après avoir combattu pendant sept mois dans un bataillon de la défense territoriale, dont la dissolution était inéluctable, depuis l’été, en raison du nombre important de pertes et de désertions. Blessé à deux reprises dans le Donbass, il aurait aimé rejoindre le service de renseignement militaire ukrainien, le HUR. Mais sa requête, directement appuyée par le puissant chef du service, Kyrylo Boudanov, est restée lettre morte auprès de son ancien commandement.
Stanislav Asseyev a finalement préféré demander sa démobilisation, un droit pour tous les anciens captifs des forces russes. Alors qu’il était journaliste, il a été détenu et torturé entre 2017 et 2019 dans la prison d’Isolatsia, supervisée par les services russes de sécurité, le FSB, à Donetsk. Il ne sait pas encore exactement ce qu’il fera, mais il continuera sans doute son travail au sein de Justice Initiative Fund, une organisation qu’il a créée pour rassembler des informations sur les crimes de guerre russes. Peut-être continuera-t-il de travailler sur un livre retraçant son expérience militaire, commencé dans les tranchées… Ce qui est certain, après moins d’un an de combats à observer une détérioration de la situation sur le front, c’est que Stanislav Asseyev fera tout pour raconter le quotidien de ses anciens frères d’armes et alerter sur les immenses problèmes de l’armée.
Evoquant le cas des hommes de la défense territoriale, ces unités présentes dans toutes les régions du pays, que des dizaines de milliers de civils avaient courageusement rejointe dans les premiers jours de l’invasion, il affirme qu’« il n’y a presque plus de motivation ». Toutefois, à ses yeux, le problème ne se limite pas à ce corps militaire bien spécifique, mais concerne l’infanterie dans son ensemble. « Il y a une grande crise dans l’infanterie qui s’explique par un manque de personnel, d’entraînement et de communication entre les unités, affirme-t-il. C’est un problème interne à l’Ukraine qu’aucun pays occidental ne peut changer. Nous pouvons avoir autant de drones ou de munitions qu’on veut, s’il n’y a pas de soldats dans les tranchées, rien ne changera. »
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